Sacré militantisme !

Si le militantisme pour des causes diverses réapparait en ce moment, celui au service de la foi n’a jamais disparu. Et, bonne surprise, il peut donner lieu à des spectacles de qualité. Les pièces engagés ont ceci de difficile que parfois elles sont aveugles sur leurs propres insuffisances, ce qui leur coûte d’autant plus cher qu’elles viennent après une longue tradition de spectacles de patronages (tant laïcs que cathos) dont la qualité était hélas connue…On ne parlera pas ici de ceux qui s’inscrivent dans cette perspective, mais, au contraire, on a plaisir à signaler l’« Evangile de saint Matthieu » mis en scène par Francesco Agnello, qui a réussi à revenir à Avignon malgré la tournée mondiale qu’il fait comme percussionniste de hang dans le spectacle de Peter Brook.Tout fraîchement créé lors du dernier festival d’Avignon, il revient dans le même lieu bien plus mûr. On note en particulier une incarnation des différents personnages beaucoup plus riche, qui contrebalance efficacement un travail relativement manichéen (mais conforme au style de l’auteur) sur les voix. Seule réserve : le passage sur les vendeurs chassés du Temple est un peu trop crié de sorte que ce qui est gagné en volume sonore est perdu en clarté d’élocution.Le texte, s’il est incomplet (il est traité sous forme de tableaux successifs), est livré tel quel, sans autre commentaire que le son du hang, percussion très favorable à la méditation. Il devient alors d’autant plus respectueux de la conscience de chacun que la résurrection n’est que suggérée. Evangile de saint Matthieu. Adaptation, mise en scène et musique de Francesco Agnello. Avec Lorenzo Bassotto. À la chapelle de l'Oratoire à 18 h 30.


Pierre François, n° 19 juillet-août 2009

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