Bilan du Festival Off 2008

On retiendra comme révélation cette pièce québécoise montée par des semi-professionnels, « les Feluettes ou la répétition d’un drame romantique » de Michel-Marc Bouchard mis en scène par Olivier Sanquer au théâtre de l’Atelier 54, qui a su aborder les thèmes de l’incarcération, de l’homosexualité et de la confrontation avec un homme d’Église sans jamais déraper. Dans un genre plus fantasque et presque heureux, il y a eu cet « Harold et Maude », de Colin Higgins, au théâtre de l’Etincelle, un bijou de délicatesse. Et aussi « La Maîtresse » de Jules Renard, mise en scène par Jacques Bondoux au collège de la Salle, qui n’était pas du tout d’école et réjouissait l’oreille par son texte si bien servi. La même remarque peut être faite pour le spectacle solo « La chute libre » de Simon Yoland, mise en scène de Matthieu Simon au Vieux Balancier, si bien interprété qu’on n’aurait pas voulu rencontrer le comédien au coin d’une rue le soir. Dans une langue nettement plus documentaire et spontanée, « Grisélidis » mis en scène par Régine Achille-Fould au théâtre des Amants, est une vraie leçon d’éducation sexuelle pour les adultes qui auraient des illusions sur la prostitution.
À noter que toute la programmation de l’Espace Roseau, de très bon niveau, fait de cette scène un lieu où la qualité le dispute à la convivialité.
On note enfin une présence affirmée du style poétique, que ce soit avec « Sortez de l’armoire, Monsieur Cioran » de Matei Visniec, mis en scène par Radu Dinulescu à l’Espace Roseau, « Léo Ferré… tu connais ? » de et avec Emmanuel Depoix, à la Parenthèse, « Rimbaud, à moi l’histoire d’une de mes folies », de Julia Tumorticchi dansé par le Ballet des Alpes-Maritimes à l’Espace Roseau, « Les marches du soleil » de François Roux au théâtre du Bourg Neuf, « Le facteur de Neruda » de Antonio Skármeta, mis en scène par Jean Claude Nieto au Pulsion théâtre, « Le mois de Marie » de Thomas Bernhard, mis en scène par Frédéric Garbe au théâtre des Halles ou les précités « Harold et Maude ». Bref, une bonne cuvée.
Les spectateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : interviewés dans les files d’attente en troisième semaine, ils ont assurés avoir vu beaucoup de spectacles qu’ils ont apprécié et peu de productions décevantes. Il faut dire que les plus habitués d’entre eux ont un truc pour se repérer dans ce maquis : se fier à certains théâtres dont ils apprécient d’années en années la programmation puis s’autoriser quelques aventures dans des lieux inconnus, une méthode produisant un résultat satisfaisant et qui les encourage à revenir passer une soirée, une journée ou quelques après-midi dans le Off du Festival d’Avignon.

Pierre François, Olivia Gazzano, n° 14 septembre/ocotbre 2008



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