Désespoir joyeux ?

François Joxe n'est jamais aussi heureux que sur les planches, et joue tellement bien qu'il peut laisser le spectateur interloqué. « Avant dernières salutations » est un texte que François Joxe donnait déjà dans le « off » l'an dernier, déjà aux Ateliers d'Amphoux. En sortant de ce spectacle, on avait alors l'impression que l'auteur-interprète venait d'user d'un grossier subterfuge pour nous léguer ses derniers désespoirs avant d'aller se jeter dans le Rhône. Mais il y a tellement bien survécu qu'il a joué son spectacle solo à Paris cette saison, avant de revenir à Avignon. Il fallait donc éclaircir le mystère et savoir si l'impression produite était due à son talent de comédien ou à l'état de son esprit. « Si je suis hanté par la mort, je n'ai jamais été tenté de mettre fin à mes jours », confie cet homme qui a vu ses proches mourir dès mon enfance. Quant à savoir si ce qui est raconté dans le spectacle trouve des racines dans sa vie, la réponse est que certes, mais pas plus que pour n'importe quel auteur. Par exemple, l'histoire du héros (ou plutôt de l'antihéros puisque le thème du spectacle tend à montrer comment il a raté sa vie quel que soit l'angle sous lequel on l'examine) qui se jette du haut d'une montagne mais se rate et atterrit aux pieds d'une bergère qu'il épouse a pour seule inspiration une foulure durant une excursion.Pour le reste, s'il y a de la sincérité dans les adieux des cinq dernières minutes, il s'agit d'un assemblage de quatre textes : un d'adieux, un autour du thème du ratage de la vie professionnelle, un autre sur une psychanalyse étrange et un dernier qui prône le retour à la nature de façon radicale. On est donc face à un spectacle paradoxal, criant d'une fausse vérité et si excessif dans son désespoir affiché que, parfois, on en rit tant le trait est gros. Il ne laisse en tous cas pas indifférent : l'an dernier, plus de la moitié des spectateurs a acheté le texte. « Avant-dernières salutations », de et avec François Joxe. Aux Ateliers d'Amphoux, 10, rue d'Amphoux à 14 h 45 du 8 au 28 juillet. Tél. : 06 83 71 94 25 ou 04 90 86 17 12 ou 06 45 94 56 12.


Pierre François, n° 19 juillet-août 2009

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