Une vision du monde

La mode est à l’Est. Après l’univers de la peinture, c’est à celui du théâtre de nous montrer sa vision du monde, souvent selon les anciennes colonies soviétiques, ici selon la Russie elle-même. « Le jour de Valentin » est une pièce qui nous rend plus témoin d'un monde qu'il ne nous y fait entrer. Pourtant, même si par ailleurs on a du mal avec la violence qui s'en dégage, ce spectacle est intéressant à plus d'un titre.Quant à sa forme, c'est un mélange entre fantastique, conte, théâtre et cirque, dans des proportions tout à fait réussie. En effet, constitué de tableaux qui s'appellent et s'évoquent les uns les autres entre présent et passé, réalité et rêve, il parvient à maintenir un fil évident entre ces différents moment et lieux de dialogue.Quant au fond, il constitue une introduction à la littérature russe contemporaine. L'auteur en est : Ivan Viripaev, encore peu connu en France. Il se caractérise par une lecture paradoxale et ironique de l'Histoire récente de ce pays, depuis Gorbatchev jusqu'à aujourd'hui. À ce titre, la pièce est pleine d'enseignements. La question devient moins de chercher à comprendre où mène ce jeu de haine et de dépendance entre deux femmes-miroir qui aiment le même mort que de voir comment les sentiments sont exprimés. Si certes il restait encore quelques longueurs en répétition à Paris, on a tout lieu de croire que ces défauts de jeunesse sont maintenant corrigés tant, globalement, la question des rythmes est bien traitée. Le jour de Valentin, d’Yvan Viripaev. Avec : Caterina Barone, Irina Boujilova, Hédi Tarkani. Du 8 au 30 juillet au Pulsion Théâtre à 18 h 30. Tél. : 04 90 85 37 48.


Pierre François, n° 19 juillet-août 2009

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